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Comme une envie d'écrire...
11 mai 2015

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  Incroyable ! Je n'aurais jamais cru que je passerais autant de temps à travailler un texte. Autant de temps à soigner la mise en page, autant de temps à vérifier le moindre mot, le moindre accent, la moindre faute... J'en ai comme une vague overdose et pourtant, je suis incapable de m'arrêter. Cela me rappelle les répétitions à n'en plus finir avant les galas, les heures et les heures passées à répéter le même passage, le même mouvement du ballet pour que l'ensemble soit parfait. À la fin, la musique nous écœurait, mais tant pis, nous continuions tout de même. Ici, c'est la même chose. C'est toujours trop et pas assez à la fois, je veux que ce soit parfait tout en ayant conscience que ça ne peut et ne doit pas l'être. C'est un tourbillon éternel et je crois que j'aime ça ! Quand j'ouvre mes documents, il y en a toujours un pour me prendre par la main et m'emmener danser. C'est ça, ma vie d'auteur.

  Oui, ça y est, j'ose le dire ! Enfin disons que j'ose enfin me considérer comme un auteur à part entière. Quant au mot "écrivain", il me fait toujours autant sourire. Je continue de le considérer comme une espèce de trophée que des gens pompeux se donnent un peu facilement, au point qu'il ne veut plus dire grand-chose. L'univers de l'édition est élitiste au possible. Les termes dérivés tels que écrivaillon, écrivailleur, ou encore plumitif... sont des preuves violentes du mépris auquel on s'expose dès lors que l'on soumet nos œuvres... et ce quel que soit le public. Averti ou non, qu'il s'agisse de nos pairs ou du premier quidam qui passait par là. Quelle méchanceté dans la langue française ! Alors, personnellement, je n'ai aucune idée du terme que l'on devrait m'attribuer et je n'oserais m'en attribuer aucun. Mis à part celui d'auteur. Car celui-ci est factuel. J'ai créé quelque chose, j'en suis l'auteur, point. La valeur de cette création n'entre pas en ligne de compte.


  En faisant des recherches sur les règles de typographie française (c'est dire la perfection que je vise !), je suis tombée sur un forum intéressant. Intitulé Jeunes Écrivains, il réunit plusieurs auteurs jeunes et moins jeunes. Parfois, il s'agit d'adolescents qui nous livrent leurs créations, d'autres fois il s'agit de jeunes adultes d'une vingtaine d'années et à d'autres moments, ce sont des adultes proches de la quarantaine. Chacun apporte quelque chose, chacun est auteur, personne ne se juge si ce n'est le plus objectivement possible. Je m'y suis inscrite, j'ai lu, j'ai commenté, mais je ne me suis pas encore livrée, bien que l'envie me démange de plus en plus. Je suis surprise moi-même par mes propres mots et mes références littéraires quand je lis une œuvre. Je réalise avec un certain plaisir que je me dévaluais sans doute pas mal. Et finalement, ça fait du bien de se rendre compte qu'on est sans doute un peu plus cultivé qu'on le croyait ! Je tourne soudain dans un univers d'une incroyable richesse et d'une diversité étonnante. Les œuvres qui sont partagées n'ont aucune prétention si ce n'est plaire aux lecteurs. Leurs auteurs sont ouverts à toutes suggestions, questions, avis, modifications... Tout est libre, accessible et aucune échelle de valeur n'entrave nos relations. Chacun parle de son ou ses romans, comme si c'était quelque chose d'admis. Et après tout, pourquoi pas ? Comment qualifie-t-on un texte de trois cents pages ? J'ai mis quatre ans à comprendre que roman n'était pas un mot qui s'attribuait seulement aux œuvres publiées. J'ai mis quatre ans à comprendre que j'ai le droit de dire que j'ai écrit des romans. Qu'ils soient reconnus comme publiables ne changent rien. Car qu'est-ce qu'une œuvre "publiable" ?


  J'en suis toujours à cette question après tout ce temps. J'ai entamé, par curiosité, la trilogie des Cinquante Nuances (Cinquante Nuances de Grey ; Cinquante nuances plus Sombres et Cinquante nuances plus Claires de EL James). À mon grand étonnement, j'ai littéralement dévoré le premier tome. J'avais une sensation amère de copié/collé sur Twilight et j'étais fort étonnée de ne pas en avoir entendu parlé jusqu'ici. Je trouvais que ça entâchait grandement l'œuvre. Alors je me suis un peu renseignée sur le net. Et voilà que j'apprends que Cinquante Nuances de Grey a d'abord été une fanfiction de Twilight. Postée sur différents forums, puis sur le site personnel de l'auteur et enfin, publiée à la demande par un éditeur indépendant et finalement, aujourd'hui, c'est un succès mondial adapté au cinéma... Bon sang ! Alors c'est ça, le monde de l'édition ? Franchement, c'est quoi un livre "publiable" quand on voit les innombrables Harlequin nous narguer sur leurs étagères et des succès mondiaux comme Cinquante Nuances de Grey d'abord publiés à compte d'auteur ou sur le net...?!


  Petit à petit, je lâche prise. Je me rends compte qu'on peut être un auteur - un écrivain ! - reconnu en passant par la case galère. En passant par la case "je n'ai pas assez de talent pour être publié". En passant par la case "rien à foutre, je lâche tout sur le net". On peut être doué sans qu'aucun éditeur n'ait accepté de parier sur nous ! Car le talent n'entre pas toujours en ligne de compte lorsqu'on s'intéresse avant tout au chiffre d'affaire. Comme beaucoup de choses, l'essentiel est noyé sous l'argent... Et l'argent coule à flots dans le monde du livre. Des auteurs comme moi ne seront sans doute jamais riches de leurs œuvres. Jamais riches au sens vulgaire du terme. Mais quelle richesse de partager, quelle richesse d'écrire pour le plaisir de soi et des autres, quelle richesse, finalement, que de s'affranchir de toutes ces règles de pourcentage, d'impression, de droits d'auteur...


  Je n'ai pas renoncé, non. Mais ce que je défends dans ma vie et dans mes textes est loin, si loin de ces considérations bassement matérielles qu'il y a un moment où je pense que je vais laisser tomber cette idée-là. En m'intéressant aux œuvres publiées sur le forum, j'ai constaté à quel point il était difficile pour un comité de lecteurs de se pencher sur chaque nouveau manuscrit avec la même fougue, la même soif et le même intérêt. À force, tout se ressemble, tout se mélange, les mots sont ennuyeux... Et l'on passe à côté d'un vrai talent parce qu'on lit son vingt-et-unième manuscrit de la journée... C'est l'édition en série, industrialisée, qui est délétère pour l'art. Et pourtant, comment faire autrement lorsqu'on reçoit deux cents manuscrits par jour...? Chaque livre est un pari. Chaque auteur a son lectorat et chaque lecteur son écrivain. Dans un sens, je ne peux m'empêcher d'être conquise par cette profusion de créations et de demandes. Je me dis que tant que notre société continuera de créer, rien ne sera jamais perdu.

  Marie Nadézda.

Si vous voulez lire les premiers balbutiements d'un jeune auteur, c'est par ici ! 

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