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Comme une envie d'écrire...
16 mai 2019

Envie d'en parler - GoT Saison 8 - épisode 5

Si vous n'avez pas encore vu l'épisode 5 de la saison 8 de Game of Thrones, si vous n'avez pas encore entamé la saison 8 de Game of Thrones, si vous ne savez même pas ce que c'est que Game of Thrones, passez votre chemin, ou acceptez d'être spoilier ! Car ce qui va suivre s'adresse à ceux qui sont à jour dans la série et est donc rempli de spoilers !

 

C'est ok pour vous ?

 

Vous êtes prêts ? 

 

Allons-y !

 

 

 

Game of Thrones - Saison 8 - épisode 5

 

De la mort de Cersei, entre patriarcat, coup de maître et déception

 

Beaucoup de fans de GoT se sont sentis complètement spoliés lorsqu'ils ont assisté à la mort de Cersei Lannister et de son frère jumeau Jaime. Moi-même, je n'ai pu m'empêcher de pousser un « quoi ?! » de rigueur. Sur le coup, je me suis dit que c'était une plaisanterie ; ils allaient réapparaître. Étant donné la place que tient le crédible dans cette dernière saison, cela ne me paraissait pas du tout improbable. Cependant, à mesure que le temps passe, je crois vraiment que ces deux-là sont passés dans l'autre monde, et je ne cesse d'osciller entre admiration pour cette scène et agacement pour ce qu'elle signifie. Explications.


1. Neuf ans d'attente pour une mort si rapide, si douce ?! What ?

La première réaction. C'est vrai, quoi. Cersei est quand même l'une des pires dans toute la saga. Elle est à l'origine de tant de haine, de déchirements, de morts... qu'on ne les compte plus. Et si son fils, Joffrey nous a laissé un souvenir impérissable, il faut reconnaître que dans le panel de grands méchants, Cersei tient une place de choix. Une place féminine de choix, ce qui, jusqu'à ce qu'on nous fasse tourner notre Daenerys en mad queen, était assez unique.

En effet, les vrais grands méchants de cette série ont tous été masculins. Joffrey Baratheon, Jaime et Tywin Lannister, Roose et Ramsey Bolton, Euron Greyjoy... Parmi les femmes, on ne sait trop où se situent les Aspics des Sables dans un premier temps (les filles illégitimes d'Oberyn Martell), et il est clair que parmi elles, il en est qui ne sont pas tendres. L'empoisonnement de Myrcella au retour de Dorne, quoique personne ne se soit réellement attaché à ce personnage fade et quasi inexistant, fait quand même entrer les Aspics dans le camp des « la justice passe par la haine ». Cependant, aucune méchante (non, pas d'écriture inclusive pour le coup !) n'arrive à la cheville de Cersei, qui nous tient en haleine durant neuf interminables saisons d'intrigues, de complots, de machiavélisme et de malveillance crasse.

Oui, mais...

 

2. Une mort de héros ?!

C'est la première chose qui m'est venue en tête. Cette impression très désagréable que les showrunners lui ont offert une mort digne d'une héroïne, rattrapée par un destin funeste, se sacrifiant après un ultime acte chevaleresque. Ah non, attendez ! Ce ne serait pas plutôt Jaime, ça ?!

Et oui, le fait que Jaime soit revenu vers elle in extremis, affrontant pour ce faire le très caricatural Euron Greyjoy, et laissant derrière lui sa propre rédemption qui avait pris les traits de Brienne de Torth, peut être vu comme le retour aux enfers d'un ancien junkie qui retombe dans sa came. Combien d'entre nous s'attendaient à ce que les mots terribles que le Régicide a adressé à Brienne avant de quitter Winterfell ne soient qu'une façon de la tenir éloignée de ses desseins ? Combien d'entre nous se sont dit « non, ce n'est pas possible qu'il retourne vers elle alors qu'il semblait sincèrement repenti ! ». Alors, est-ce qu'on s'est trompé ? Ne pouvait-on avoir une lutte acharnée, une mise à mort, un combat ultime entre ces deux yin et yang, ces « evil twin » ?! Certes, je m'y attendais. Et l'attitude de Jaime m'a mise très mal à l'aise sur le moment. En colère, même. Mais réfléchissons deux minutes.

Jaime était sincèrement repenti. Diminué par la perte de sa main d'épée, terrorisé par l'arrivée des morts à Westeros, obnubilé par sa parole d'envoyer des armées au Nord, il abandonne sa sœur pour rejoindre Winterfell où il combat bravement (heu... il n'a plus qu'une main gauche et il est loin d'être un soldat hors pair avec, mais il survit, okey, okey...), puis il succombe au charme de Brienne, après lui avoir offert le présent assez inestimable de la faire chevalier des Sept Couronnes dans l'épisode 2, juste avant la Longue Nuit. On le pensait vraiment devenu protagoniste, on pensait qu'il avait laissé derrière lui son passé. Et moi, je crois qu'on ne s'est pas trompé. Jaime n'a jamais replongé.

Jaime sait que sa sœur est perdue. Quoiqu'il fut quelqu'un d'odieux et de terriblement méchant par le passé, on a un bout d'explication quant à cette attitude terrible dans la saison 3, lorsque il explique à Brienne ce qui l'a amené à tuer Aenys II, le roi fou. « Brûlez-les tous », répétait-il, « brûlez-les tous ! Dîtes-moi, Bienne de Torth, si votre roi vous avait ordonné de regarder mourir des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, brûlés dans leurs maisons, jusque dans leurs lits, l'auriez-vous fait ? ». Le mépris que le Régicide, qui insiste dans cet épisode pour être appelé Jaime, a subi pour avoir rompu ses vœux et assassiné le roi fou devient soudain moins évident. Voire injuste. Terriblement injuste. Sa méchanceté ne serait-elle pas une réponse maladroite à cette méchanceté extérieure...? En attendant, il est redevenu quelqu'un de bien. Et savoir sa sœur perdue, probablement esseulée, sans doute sous-peu livrée à des bourreaux sanguinaires, et bien non, ça ne lui fait pas plaisir. Parce qu'en vrai, quand on est quelqu'un de bien, on ne se réjouit jamais de la mort des gens, et en particulier des membres de notre famille, si abjects soient-ils !

Les mots très durs qu'il adresse à Brienne avant de partir ne sont-ils pas tout de même une façon de l'empêcher de le suivre ? Allons même plus loin, une façon de l'autoriser à le haïr pour ne pas trop souffrir de sa disparition ? Ou peut-être une façon de se protéger lui-même, car quitter Brienne lui est peut-être bien plus douloureux que ce qu'il ne veut bien le laisser voir. Le combat entre Jaime et Euron est, à mes yeux, une façon un peu expéditive, de faire disparaître ce personnage ô combien sot et agaçant – devenu encombrant –, que nous avions pris à tort pour le nouveau Joffrey Baratheon ou Ramsay Bolton, alors qu'en réalité, il ne s'agissait que d'un bouffon. Mais ok, pourquoi pas. Après tout, il fallait bien que quelqu'un s'y colle.

Les retrouvailles entre Cersei et Jaime, personnellement, me fichent le frisson. On entrevoit soudain l'humanité de Cersei. Elle redevient, juste à la fin, une femme, une mère, et ses derniers mots, sa dernière exigence sera définitivement tournée vers son enfant, comme ce fut le cas durant toute la série : « je veux que notre bébé voit le jour ». Je trouve cette approche très fine. Soudain, le monstre redevient humain et cela nous offre un contraste extraordinaire avec la reine froide et calculatrice que nous avions vue auparavant. Elle n'est plus rien, réduite à ses larmes dans son palais qui tombe en ruines. Elle touche du bout des doigts le désespoir qu'elle a s'y copieusement dispensé tout au long de son interminable règne. Le fait de la rendre humaine à ce moment précis est, à mon sens, très futé. En effet, quoi de pire qu'un monstre qui commet ces crimes en toute connaissance de cause ? Quoi de pire, finalement, rétrospectivement, que cette femme, sujette aux émotions humaines, qui a su durant tant d'années haïr, tuer, massacrer de la pire manière chacun de ses ennemis ?! Si elle avait été confrontée directement à Daenerys, ou à Jon ou à n'importe qui d'autre dans une ultime lutte épique, jamais elle n'aurait pu montrer cette part d'elle-même, cette part qu'elle ne pouvait laisser sortir qu'en sachant que plus personne n'était là pour la regarder, que la faiblesse qu'elle exprimait à ce moment-là n'allait plus pouvoir lui causer le moindre tort. Il est intéressant qu'elle voit sa propre fin comme inéluctable. Sa souffrance, sa torture, ne seront finalement pas physiques, mais mentales.

Jaime tente de la faire sortir du Donjon Rouge, mais bien sûr, celui-ci étant déjà partiellement effondré, les issues, même les plus secrètes, sont déjà obstruées. Une chute que l'on pouvait voir venir à dix kilomètres, mais ok, c'est pratique, c'est plausible (plus que la mort du Night King !), alors marchons. Cersei panique, veut voir son bébé naître, ne veut pas mourir, pas « comme ça », et Jaime la ramène à lui, lui répète ce qui, finalement a causé leur perte : « Il n'y a que nous deux. Rien d'autre n'a d'importance. ». Alors que le spectateur voit le plafond qui s'effondre peu à peu, Jamie et Cersei restent enlacés l'un contre l'autre avant d'être définitivement ensevelis sous les décombres.

Cette scène me rappelle celle de Rogue One lorsque Scariff se fait détruire par l'Étoile Noire... Une mort digne de héros, et dans un sens, ils le sont. Cersei, comme Dark Vador, a été une méchante qu'on a adoré haïr. Jaime, tardivement mais sûrement, est devenu quelqu'un de vraiment bien. N'avaient-ils pas le droit, après tout, de mourir dignement ?

 

3. Et pourtant...

Ouais, parce que rien n'est tout à fait aussi simple. J'ai plusieurs bémols à poser sur cette mort de héros. Le fait est, ils sont enterrés vivants, il est probable qu'on ne retrouve jamais leurs corps, qu'on ne les profane donc jamais. Avec un peu de chance, ils resteront enlacés pour l'éternité et cela nous rappelle encore d'autres héros : Quasimodo et Esmeralda dans Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo. Une mort de héros, je vous dis ! Sauf que...

Il y a quelque chose qui me chiffonne dans le fait que les showrunners aient fait de Cersei l'une des plus grande méchante (non, non, toujours pas d'écriture inclusive) de l'histoire des séries télé, mais ne lui offrent finalement qu'une mort de femme enceinte aux hormones survoltées. Car, il faut le reconnaître, en matière de mort catharsistiques, avec horreurs sanglantes et gros plans dégueulasses, ils ont déjà fait et savent parfaitement mener le jeu ! Parlons de la mort de Joffrey qui s'étouffe interminablement empoisonné à son propre banquet de mariage, avec gros plan sur son visage déformé, bouffi, affreux. Parlons de la mort de Ramsay Bolton, dévoré vivant par ses propres limiers. Parlons même (quoiqu'il ne fut pas un antagoniste) de la mort d'Oberyn Martell, la Vipère Rouge, dont le crâne fut littéralement explosé par la Montagne... Et passons, par pitié, sur les Noces Pourpres ! Oui, ils savent faire. Mais hé, Cersei est une femme ! Massacrer une femme, c'est encore quelque chose de tabou. Je ne suis certes pas pour le féminicide (au secours !), mais l'égalité des sexes commence aussi ici. Il y avait un côté féministe, progressiste à nous offrir des femmes méchantes, terriblement sadiques et intelligentes dans leurs méfaits. Pourquoi s'arrêter là ? Est-ce que le public n'est pas prêt à voir Cersei, une femme donc, se faire dévorer vivante par Drogon ? Ou de la voir agoniser, transpercée par le javelot de Ver Gris ? Non, pas de scène de mort, pas de sang, pas de gros plans horrifiques pour Cersei, et ce manque est à mon sens dû en partie au fait qu'il s'agit d'une femme.

Patriarcat, quand tu nous tiens !

Et ce n'est pas la seule bavure que nous offre cette fameuse mort ! En effet, dans le sous-sol du Donjon Rouge, juste avant leur disparition, Jaime se retrouve obligé de calmer une Cersei rendue hystérique (coucou, les femmes qui osent exprimer leur colère ou leur peur !) par l'idée de mourir. C'est lui, l'homme, le héros en définitive, qui la ramène sur terre et qui l'enjoint à se calmer afin de mourir à peu près dignement. Est-ce qu'on aurait été plus satisfait de la voir piailler jusqu'à ce que les pierres du Donjon Rouge l'écrase ? Est-ce que ça n'aurait pas été encore pire ? Est-ce qu'il est possible, aujourd'hui, qu'une femme meurt comme un homme ?! La question est posée.

 

4. Une mort indigne ?

Et oui, c'est peut-être finalement l'explication la plus plausible à toute cette histoire. Et si les showrunners n'avaient absolument pas voulu leur offrir une mort digne, une mort héroïque et encore moins une mort mémorable comme celle de Ramsay ?! Et si, finalement, cette ensevelissement stupide, qui ne permettra probablement jamais de retrouver leurs corps, n'était pas une façon de les effacer de l'histoire, de leur rappeler que pions ils étaient, pions ils redeviennent ? Car, après tout, la vie d'un être n'est pas la seule définition de son existence, et parfois, sa mort peut laisser bien plus de traces que ses actes. C'est le principe des martyrs. Les faire ainsi disparaître, sans que personne n'en soit témoin, sans que personne n'en soit directement coupable (bon, Daenerys, t'as grave déconné quand même !), c'est une façon de mettre un point final à leur malfaisance et de ne pas laisser leur mémoire sortir de la tombe. C'est une mort stupide, indigne, presque drôle, qui empêchera quiconque dans les Sept Couronnes, de les vénérer à l'avenir.

 

Alors, en définitive, est-ce que j'ai aimé ou non la mort de Cersei et Jaime Lannister ? Je ne saurais le dire. Mais je suis satisfaite des tournants inattendus que prend la série, j'aime la surprise, et surtout, j'aime l'idée que parfois, la vie a ses détours et frappe là où on ne l'attend pas. Tout ne peut pas être parfait, tout ne peut pas se dérouler exactement comme on l'entend, tout simplement parce que la réalité, à laquelle George R.R. Martin voulait coller un peu plus, est capricieuse, facétieuse, et se fout royalement de la justice des Hommes (et des Femmes !).

 

Et vous, vous en avez pensé quoi ?

Bisous !

 

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