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Comme une envie d'écrire...
18 avril 2016

L'originalité du déjà-vu

Il me semble n'y avoir que des remakes dans la vie... Des choses déjà traversées, du déjà-vu, des déjà-publiés, des déjà-écrits, des déjà-inventés, des déjà-filmés, déjà-tournés, ... Des suites, des trilogies, des séries.

Un enfant qui meurt il y a 1500 ans, un enfant qui meurt aujourd'hui... Les causes ne sont peut-être pas les mêmes, mais le résultat, si.

Des gens qui s'aiment et se séparent. Des destins contraires. Des obligations, des pressions familiales ou sociales. Des droits et des devoirs.

Le même soleil ne se lève-t-il pas sur la même Terre depuis des milliards d'années, après tout ? Que pouvons-nous donc inventer que la nature n'ait pas déjà pensé ?

Est-ce au détour de ces bis repetita que se construisent les meilleures histoires, ou au contraire, n'est-ce pas la profusions de vies qui étouffent le déjà-vu, le réduisant à une vaste boucle continuelle, intemporelle, infranchissable...?

Parfois, je me demande par quel foutu miracle, chaque nouvel être qui naît sur cette pauvre planète se débrouille pour être totalement unique. En faut-il de la diversité à nos gènes fatigués, à nos gènes dépassés et maudits par des peuples détruisant leur propre nature... Et je me demande ce que telle ou telle création peut avoir d'original dans le déjà-vu... Peut-être, d'ailleurs, que le déjà-vu nous attire suffisamment pour qu'on se fiche de savoir qu'il existe. Il est rassurant. Un peu comme une odeur familière, un bout de route qu'on connaît par cœur et qu'on peut parcourir sans réfléchir.

Peut-être n'est-on pas fait pour l'extraordinaire.

La création serait alors une vaste illusion. La plus belle des supercherie de l'humanité. La réinvention continuelle de la nouveauté, pour oublier qu'on connaît déjà tout, qu'on sait déjà tout et que rien ne peut vraiment être nouveau. Pour oublier que nos découvertes, nous les piétinons au nom de l'argent, pour oublier que nos cœurs, nous les fermons au nom de la peur, pour oublier que nos talents, nous les étouffons au nom de la médiocrité accessible.

L'enfant, pour se construire, agit par mimétisme. Qu'en est-il de l'adulte qui va faire ces courses là où tout le monde va ? De celui qui rêve de la voiture de son voisin ou de la maison de son père ? De celui qui prend son pied à dire à longueur de temps "moi aussi"...? Quelle place fait-on au neuf, à l'inhabituel, à l'imprévu, à l'extra en tout genre, à l'inconnu avec un I majuscule ? Combien se sentent attirés par ces chemins-là, mais ne les prennent pas par peur des conséquences sociales...?

Ça a même un nom : la marginalité. Et de nos jours, être marginal, cela sonne comme une insulte. Alors que ça devrait sans doute être le plus beau des compliments. Car inventer, inventer vraiment, ce n'est sans doute pas donné à tout le monde !

Je regarde la lune. La même depuis des milliards d'années. Je ne sais pas si nous y sommes vraiment allés et à la limite, je m'en contrefiche. Que le premier pas ait réellement été fait ou non, ce qui compte, c'est que suffisamment de gens y croient. De fait, y retourner, même si c'est la première fois qu'on y va, serait une sorte de remake, non ?

D'ailleurs, il est étonnant de constater que chaque nouvel être qui naît sur cette terre est unique, et pourtant résolument semblable aux autres êtres de son espèce. Y aurait-il donc de l'original dans le déjà-vu ? Ou alors est-ce que le déjà-vu est nécessaire à l'original ? Car après tout, si nous étions tous totalement dissemblables, comment pourrions-nous seulement nous reconnaître et vivre ensemble ? Peut-être que le déjà-vu est la clef de voûte de notre société, de notre cohésion. L'original la menacerait alors... Le déjà-vu la resouderait...

Qu'importe en vérité. Créer un nouvel être humain, c'est lui donner un cœur qui bat, un cerveau qui fonctionne, deux jolis yeux et une bouche pour sourire, de belles dents pour croquer la vie, et ainsi de suite. Son originalité lui appartient. Peut-être que l'acte de création obéit à la même loi. Tout est semblable, tout est lié, tout est un peu "déjà-vu". Mais peut-être que chaque création a son lot d'"original" et qu'il lui appartient de l'exposer... ou non.

Ça fait quand même un drôle d'effet... quand on rencontre une sœur du destin... Je suis comme un remake de sa vie et je crains de ne pas être à la hauteur. Cette ressemblance nous lie et m'étouffe. Notre originalité propre nous divise et, dans un sens, me libère.

Et si l'originalité, c'était la liberté ?

 

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Commentaires
D
Comme je suis d'accord avec cela. Ça fait longtemps que je me dis qu'on n'évolue pas et qu'on est dans un cercle vicieux depuis trop longtemps, que l'humain devrait faire un pas de plus... Encore faut-il appliquer à soi-même ses propres idées de nouvelle compréhension et des nouveaux comportements à adopter dans son quotidien... Ceux qui me ressemblent ont croisé leur route avec la mienne, mais il y a tant de chemins sauvages où se faufiler, se fondre, défricher... peut-être nous recroiserons-nous un de ces jours.<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=4SatuX1qKiQ&feature=youtu.be<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=vCgI9zGQbzc&feature=youtu.be
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